«Il existe pour la raison un grand danger. […] C’est contre ce péril que l’autorité religieuse fut dressée, à tort ou à raison, comme une barrière. Et contre ce péril, il faut sûrement qu’on dresse quelque digue, si l’humanité veut éviter la ruine. Ce péril, c’est que l’intelligence humaine est libre de se détruire elle-même. De même qu’une génération pourrait empêcher l’existence même de la génération suivante si elle entrait toute au monastère ou sautait dans la mer, de même un groupe de penseurs pourrait, jusqu’à un certain point, empêcher l’exercice de la pensée s’il enseignait à la génération suivante qu’il n’y a rien de valable dans aucune pensée humaine. Il est vain de dire sans cesse qu’entre raison et foi il faut choisir, car la raison elle-même est un objet de foi. C’est un acte de foi que d’affirmer que nos pensées ont un quelconque lien avec la réalité. […] Il y a une pensée qui bloque la pensée. C’est la seule pensée qui devrait être bloquée. C’est contre ce mal extrême que fut dirigée toute autorité religieuse.» Orthodoxie, ch. II «Le suicide de la pensée».
Description:
«Il existe pour la raison un grand danger. […] C’est contre ce péril que l’autorité religieuse fut dressée, à tort ou à raison, comme une barrière. Et contre ce péril, il faut sûrement qu’on dresse quelque digue, si l’humanité veut éviter la ruine. Ce péril, c’est que l’intelligence humaine est libre de se détruire elle-même. De même qu’une génération pourrait empêcher l’existence même de la génération suivante si elle entrait toute au monastère ou sautait dans la mer, de même un groupe de penseurs pourrait, jusqu’à un certain point, empêcher l’exercice de la pensée s’il enseignait à la génération suivante qu’il n’y a rien de valable dans aucune pensée humaine. Il est vain de dire sans cesse qu’entre raison et foi il faut choisir, car la raison elle-même est un objet de foi. C’est un acte de foi que d’affirmer que nos pensées ont un quelconque lien avec la réalité. […] Il y a une pensée qui bloque la pensée. C’est la seule pensée qui devrait être bloquée. C’est contre ce mal extrême que fut dirigée toute autorité religieuse.» Orthodoxie, ch. II «Le suicide de la pensée».